De jolis mots pour de belles histoires
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Je finis par m’arrêter, en sueur, deux minutes plus tard. Rien ne s’est passé, strictement rien. D’un coup, cela ébranle ma certitude. J’étais persuadée de pouvoir retourner dans la réalité de la Montre, mais peut-être que ce n’était bel et bien qu’une hallucination après tout. J’étais pourtant si sûre…
De prime abord, il n’avait cédé à ma demande qu’à force d’une grande insistance de ma part, et parce qu’il me suit depuis des années et sait bien que l’hypocondrie ne fait pas partie de mon caractère : si je dis que j’ai un problème, c’est probablement le cas.
Une impression de chute, sans fin. Comme si la réalité tout autour de moi se distendait, se délitait. Le monde est semblable à une toile dans laquelle je m’enfonce, je m’enfonce à l’infini.
Ma première maison se trouvait à côté d’un cimetière. Si cela mettait certaines personnes mal à l’aise, pour ma part, je me suis toujours réjoui d’avoir d’excellents voisins, silencieux et calmes.
J’entends comme une voix et me réveille, mais il n’y a personne. Combien de fois ai-je vécu cet instant ? Ou l’ai-je simplement rêvé ?
Leurs yeux avides se cramponnaient à la conteuse. La douceur de ses gestes, l’émotion dans son sourire, la compassion de son regard, ils les voyaient sans les percevoir, tant toute leur attention se focalisait sur leur besoin et leur manque.
« L’histoire que je vais vous conter est une histoire humaine avant tout. Une simple histoire de vie, avec tout ce qu’elle a de sombre de triste et d’absurde. Mais il me paraît nécessaire que vous l’entendiez enfin. L’histoire que je vais vous conter est celle d’une enfant, et cette histoire est triste à pleurer.
Le son de leurs pioches et de leurs piolets emplit les ténèbres. Un bruit qui frappe en continu, métal contre roche, qui résonne lorsqu’ils cherchent à désobstruer une cavité. La plupart du temps, ils se contentent de descendre le long d’un puits, ils cliquètent et claquent avec leurs mousquetons, leurs descendeurs et leurs baudriers.
Je sens leurs pieds qui foulent ma peau. Ils sont des centaines, des milliers, des dizaines de milliers, de toutes tailles, de tous poids, à toutes les vitesses. Certains boitent, d’autres courent, parfois tombent. Leurs pattes me martèlent en douceur, mais sans jamais s’arrêter.
DOUBLE-ÉPISODE